Rénover
Salle des fêtes, Saint-Jean-en-Royans (Drôme)

> Descriptif opération


Comme de nombreuses communes rurales, Saint-Jean-en-Royans possède une salle des fêtes. Localisée en centre-bourg, celle-ci a été inaugurée en 1958. Un demi-siècle plus tard, pour faire face à son vieillissement, la question de construire un nouvel équipement en périphérie de l’urbanisation ne se pose pas tant le petit édifice public, identifié à son esthétique de la Reconstruction, est assidûment fréquenté pour de multiples activités. Le choix de le rénover s’impose au Conseil municipal qu’accompagne le CAUE de la Drôme. La décision résulte de la prise en compte d’un ensemble de paramètres, parmi lesquels la proximité du bâtiment avec les établissements scolaires puisqu’il sert de cantine,  la position centrale au sein de la commune et l’attachement de la population à cet édifice. Est également prise en considération une gestion réfléchie du territoire communal puisque la rénovation évite de soustraire une surface de terre utiles aux exploitations agricoles. Une fois cette stratégie arrêtée, la programmation est élaborée : elle met l’accent sur la polyvalence et la jauge de la grande salle. En dépit de ce travail préalable attentif, l’exploitation de l’équipement posera assez rapidement la question de sa flexibilité et de sa rentabilité.

Caractéristique de l’existant

De 1958 à sa rénovation, la salle des fêtes présente des volumes simples et des formes lisibles : en adoptant un plan en U, l’architecte a affirmé la présence de la grande salle qui, à l’arrière d’un auvent et d’une colonnade, referme la composition et il a exprimé clairement celle des salles associatives et de la cuisine, installées dans les deux ailes disposées en retour.

Sur un plan d’inspiration classique, il a dessiné un projet illustrant la tendance de la Reconstruction qui cherchait à concilier la modernité de la préfabrication (panneaux des façades et cadres des fenêtres), la rigueur économique (répétition optimale de quelques éléments constructifs) et la tradition (toiture de tuiles). Saint-Jean-en-Royans n’ayant pas été dévasté par les bombardements, cette salle des fêtes s’établit comme un objet singulier au sein du bourg, comme le sont encore aujourd’hui la maison de la rue principale aux balcons Art nouveau et la piscine aux lignes modernistes. Toutefois, elle s’inscrit en résonance avec les formes des édifices publics et des habitations de certains villages voisins qui, telle La Chapelle-en-Vercors, ont été la cible des ultimes actions de l’armée allemande contre les maquis en juin et juillet 1944.

Pendant un demi-siècle, cette salle des fêtes a accueilli au sein de ses 850 m2 (dont 300 m2 en sous-sol) des manifestations très éclectiques : mariages, banquets, repas dansants, lotos, assemblés générales, réunions associatives, cours de musique, de danse et de chant… Elle se transforme régulièrement en bureau de vote et reçoit chaque jour les enfants des écoles venus y déjeuner, d’où l’importance de la surface dédiée à la cuisine.

Procédure

Bien que sa population demeure constante depuis les années 1960 avec à peine moins de 3 000 habitants, Saint-Jean-en-Royans passe en un demi siècle du statut de bourg rural à celui d’un village rurbain actuel à la population diversifiée et stable. Cette évolution sociodémographique contribue à révéler la vétusté fonctionnelle, esthétique et thermique de la salle des fêtes, si bien que la municipalité Pic, élue en 2008, décide de maintenir cet équipement en centre-ville et de procéder à sa rénovation.

En 2012, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de la Drôme aide les élus à définir le programme de requalification de l’équipement autour de ses usages constatés tout en y intégrant une salle de spectacle d’une centaine de places afin que théâtre, cinéma et musique soient accueillis et les exigences actuelles de confort satisfaites. À cette évolution s’ajoutent le traitement acoustique des différents espaces, la requalification de la cuisine et des sanitaires, l’adaptation des locaux annexes à la rotation des activités, la refonte de la scène, le traitement de l’éclairement de la grande salle et la suppression de l’espace existant en sous-sol.

Interventions

Rapidement lancée, toujours avec les conseils du CAUE de la Drôme, la mise en concurrence de trois équipes d’architectes puis la sélection des lauréats, l’agence futur.A associée à Peter Wendling Architecture, confirme ces orientations.

La grande salle affirme sa place centrale au sein de l’équipement et sa polyvalence grâce à l’adoption de gradins télescopiques pour cent quarante spectateurs assis (deux cent quarante debout) et d’une boîte noire occupant désormais toute sa largeur. A priori, ce grand volume accueillant aux spectacles convient également aux mariages, aux grandes réunions associatives ainsi qu’aux cours de danse : réduit, son éclairement naturel est aisément maîtrisable ; repensée, son acoustique assure la quiétude des activités qui se déroulent simultanément dans les deux ailes réaménagées. L’agence futur.A propose de briser subtilement la composition symétrique de l’édifice par l’occupation partielle de l’espace central afin d’y implanter le bar intégré au hall et la cuisine, désormais limitée à du matériel de réchauffement. Ce nouvel espace ouvre au moyen de larges baies vitrées sur la cour. Débarrassée des voitures qui y stationnaient souvent en se collant aux façades, cette dernière est requalifiée et végétalisée afin de devenir le véritable espace d’accès à l’équipement. Un mur vitré la referme côté rue pour protéger les maisons riveraines des nuisances sonores créées par les spectateurs échangeant leurs impressions après les spectacles ou par les fumeurs discutant lors de leur sortie temporaire à l’extérieur du bâtiment. Outre ces modifications majeures, l’auvent et sa colonnade sont intégrés au volume bâti pour ménager une circulation irriguant l’ensemble du bâtiment, des loges sont adossées à la salle de spectacle, les sanitaires totalement refaits et l’usage du sous-sol condamné en raison du coût estimé de sa mise aux normes en tant que salle de répétition pour les musiques actuelles. La réfection complète de la toiture, le changement des vitrages et l’installation d’une ventilation double flux doivent installer une nouvelle performance énergétique. Celle-ci néanmoins reste aléatoire, l’usage permettant de constater que les locaux restent froids l’hiver et soumis à une chaleur excessive l’été. Tout ceci se conçoit et se projette sans modifier l’apparence générale de l’édifice : sa silhouette demeure basse, ses façades régulières, sa peau rugueuse, ses ouvertures répétitives… Un tel constat pose de façon récurrente la question de l’articulation entre la capacité réelle d’investissement d’une commune et l’ambition accordé à un projet par le conseil municipal.

Bien qu’estimé onéreux, le projet est confirmé par la nouvelle municipalité élue en 2014,  si bien que celle-ci prend en charge le chantier, l’inauguration puis la mise en service. Un an après la réouverture de l’équipement désormais baptisé « La Parenthèse », elle constate la difficulté de faire vivre la polyvalence. Ainsi, les futurs jeunes mariés se montrent peu enclins à organiser leur repas de noces dans le grand volume aveugle de la salle polyvalente. Les spectacles peinent à trouver leur rentabilité avec une jauge de cent quarante spectateurs dès lors que l’on veut vendre les places à un tarif supportable par un public rural. Et, effet inattendu, les associations contraintes de déplacer leurs activités dans les villages voisins pendant les deux années de travaux, tardent à retrouver le chemin de l’équipement…

La solution imaginée pour donner à ce lieu une nouvelle dynamique originale consiste à l’orienter vers le cinéma numérique en s’appuyant sur une association locale et l’aide susceptible d’être apportée par le Centre national de la Cinématographie.

Signalée par sa toiture neuve, ses panneaux de façade sur lesquels le temps et les éléments ne semblent pas avoir de prise, sa façade de verre sérigraphié aux motifs de troncs d’arbres et d’oiseaux, La Parenthèse demeure au centre géographique de Saint-Jean-en-Royans. Même si cette situation rend son accès délicat pour les autocars, elle contribue au dynamisme du bourg et illustre la nécessité de contenir l’étalement urbain. Architecturalement réussie, cette rénovation conduit donc à réfléchir sur l’articulation de la programmation avec les conditions d’exploitation financière de ces équipements ruraux destinés à des manifestations culturelles limitées, à des activités associatives et à des événements festifs réguliers, de sorte qu’ils ne pèsent pas trop lourdement sur les budgets municipaux.

  • Maître d’ouvrage : commune de Saint-Jean-en-Royans
  • Architectes : futur.A architectes et Peter Wendling Architecture, associé
  • Résultat consultation : février 2012
  • Inauguration : novembre 2014

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