Reconvertir
Puits, Saint-Étienne (Loire)

> Descriptif opération


Ce site d’exploitation minière constitue la lisière du centre-ville de Saint-Étienne dont il n’est séparé que par l’emprise de voies ferrées. Vaste de quinze hectares, il présente des caractéristiques très contrastées entre une partie délaissée plate, un agglomérat de halles métalliques édifiées dans la pente et le double terril qui surmonte l’ensemble en culminant à 150 mètres de haut. Cette présence illustre la relation étroite entre industrie et urbanisation ayant modelé l’identité de la ville. Mais au-delà elle renvoie à la densité des constructions participant à l’exploitation, projette l’esprit à la rencontre des autres sites du bassin minier de la Loire, et fait resurgir les images fortes des hommes travaillant sous terre.

Caractéristique de l’existant

Le site a notamment accueilli plusieurs puits d’extraction mais aussi une batterie de fours à coke et des installations de lavage de charbon, ainsi que des installations chimiques destinées à traiter les gaz et résidus de la fabrication du coke. Les bâtiments conservés ne reflètent donc que très partiellement l’ampleur, la densité et les techniques de réalisation des constructions visibles au cours du XXe siècle, les puissants chevalements et leurs structures en béton armé ayant été détruits avant que s’engagent les réflexions sur la préservation et le devenir du site. Celles-ci s’orienteront très vite vers une démarche de mise en valeur de l’ensemble du site de préférence à une restitution. À la diversité des contextes présents sur le site correspondra donc celle des scénographies mobilisées pour transmettre sensations, faits et connaissances à un large public.

Couriot ayant constitué le principal lieu d’extraction du bassin charbonnier de la Loire,

les éléments préservés sur le site seront donc considérés, au-delà de leur valeur architecturale intrinsèque, comme les signes mémoriels tangibles d’une activité d’extraction du minerai développée sur plusieurs siècles dans la région stéphanoise, depuis les premiers ramassages manuels jusqu’à la constitution de site d’extraction de veines profondément enfouies.

Intérêt

À partir de 1991, un musée de la mine occupe partiellement le site Couriot. Il célèbre la mémoire du puits ouvert en 1919 et dans lequel travaillèrent jusqu’à un millier de mineurs. Puis, une réflexion s’engage conduisant à l’adoption d’une action articulant sur la période 2004-2014 la valorisation globale du site et une imprégnation de la mémoire de l’activité minière à travers ses édifices, ses machines et ses mineurs conjuguées avec des moyens financiers excluant la restitution de l’ensemble du site. Ceci conduit à considérer les différentes composantes du site comme un grand paysage support d’un ensemble industriel dont certains éléments ont totalement disparu, d’autres subsistent sous forme de traces mémorielles, d’autres encore imposent toujours leur présence sous forme de bâtiments emblématiques pouvant ou non être rendus accessibles. La mise en scène de l’ensemble est confiée au paysagiste Michel Corajoud. Des espaces d’exposition sont inaugurés fin 2014, ces nouveaux aménagements étant cosignés par les architectes Gautier et Conquet et par l’agence Archipat.

Interventions

L’attitude de non restitution des façades des constructions existantes donne à l’ensemble une note singulière, offrant aux visiteurs une immersion dans l’histoire, tout en lui procurant le sentiment d’explorer un site abandonné de longue date.

Dans les volumes intérieurs, cette approche attentive conduit à déterminer chaque aménagement selon une gradation qui participe de la richesse de la visite. Ainsi, une salle de machines peut être laissée en l’état, odeur de graisse comprise, et simplement ouverte à la visite. Un léger traitement du sol ménage un passage aussi précis que discret afin que les visiteurs s’immergent dans les formes et les éléments complexes et mystérieux de fascinantes installations techniques qui semblent prêtes à se remettre en activité. Cette approche consistant à ouvrir à la visite des halles laissées « en l’état »  s’infléchit quelque peu lorsqu’elle est appliquée à des espaces de petites dimensions, telles les toilettes : des éléments résolument contemporains se glissent judicieusement dans le bâti historique, et y existent sans fard selon une attitude en conformité avec l’esprit déterminé par la Charte de Venise.

Ailleurs, des rénovations légères sont conduites pour aménager, par exemple, les bureaux de l’administration du site dans l’un des bâtiments déterminant la cour d’arrivée ou pour créer un espace dédié aux expositions temporaires. D’autres interventions, effectuées sur le même mode, peuvent contribuer à rendre saisissant aux yeux du public un élément du travail tel qu’il s’organisait dans le site minier, telle la salle des lanternes ou le vestiaire, mise en scène héritée du tournage d’un film dont le décor a simplement été maintenu in situ.

Enfin, des interventions plus lourdes sont mises en œuvre lorsqu’il s’agit de présenter les collections et de restituer l’histoire minière du bassin de la Loire. Elles prennent la forme de nouveaux volumes autonomes  édifiés dans des halles métalliques existantes qui acquièrent le statut de double peau distincte et protectrice. Ces espaces clos permettent d’organiser des présentations dynamiques spécifiquement adaptées au thème présenté. La visite s’enrichit ainsi de la diversité des scénographies mobilisant des dispositifs allant des plus sophistiqués aux plus simples et de la présence d’une architecture contemporaine dialoguant de façon convaincante avec la puissance d’un patrimoine industriel remarquable.

  • Architectes : Gautier + Conquet et Archipat (bâtiments – 2014)
  • Paysagistes : Michel Corajoud et Archipat (aménagement du site – 2014)
  • Maître d’ouvrage : Ville de Saint-Étienne (2014)

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