Entretenir
Mille-Club, Chamalières (Puy-de-Dôme)

> Descriptif opération


Deux ambitions marquent la politique de création de clubs de jeunes industrialisés, initiée dès avant Mai 68. Pour l’État, il s’agit de tester la politique des grands équipements socio-culturels qui mailleront le territoire au cours de la décennie 1975-1995. Pour de nombreux maires des communes périphériques des grandes agglomérations comme des bourgs ruraux, ces petites constructions, constituent l’opportunité de combattre le désœuvrement d’une jeunesse sans cesse plus nombreuse, souvent déracinée suite à l’exode rural ou aux migrations, et à la recherche de son identité. Le fait que les jeunes bâtissent eux-mêmes ce lieu est aussi le gage qu’ils le préserveront et qu’ils s’y réuniront d’autant plus volontiers qu’ils éprouveront le sentiment qu’il leur appartient. Ceci explique le succès du premier plan triennal – 1968-1970 – confirmé par le lancement d’un second appel à candidature conjointe fabricant/architecte, en 1971. Trois modèles recueillent les faveurs des services du secrétariat d’État et donc des contingents accordés aux préfets chargés de les répartir dans chacun des départements de la région dont ils sont en charge, entre les « secteurs concentrés » (les zones urbaines) et les « secteurs diffus » (petites villes et villages).  En Auvergne, 27 mille-clubs sont ainsi programmés sur les années 1968-1970 mais 26 seulement affectés en raison des compressions budgétaires intervenues en 1970.

Descriptif de l’opération

Chamalières (1976) partage avec Saint-Sandoux (1974), Sauxillanges (1976), Sayat (1978) l’attribution d’un mille-club ED-Kit fabriqué par la filiale bois de la SCAC. La toute jeune agence ED bouscule ainsi le jeu bien établi entre le premier modèle BSM, néo-corbuséen, signé par l’architecte Godeeris, et le modèle SEAL conçu par les architectes Béchu, Bidault et Guillaume.

Elle trouve dans la consultation lancée par le secrétariat d’État,  le champ d’application du procédé d’auto-construction industrialisé que ses six co-fondateurs venaient d’imaginer pour répondre au premier concours national organisé pour la réalisation d’hébergements de loisirs sur un site de Lozère. Ils s’en réservent même la première mise en œuvre concrète pour édifier leur propre agence dans le 17e arrondissement de Paris, entre la Porte Maillot et la Place Pereire. Temporaire, cette construction est démontée quelques années après et reconvertie sous forme de deux résidences, l’une de vacances en Corse et l’autre, principale, dans le Val-de-Loire. De nombreuses maisons individuelles et le « Baby Club » du village du Club Méditerranée de Vittel sont réalisés selon le même procédé générant des constructions légères, aux volumétries chahutées, aux longues toitures pentues recouvertes de matériaux en relation avec le contexte local.

Intérêt

L’État finance l’acquisition de la construction, la municipalité apporte le terrain, fait réaliser le socle destiné à recevoir le petit édifice, achète le mobilier et prend en charge l’animation socio-culturelle, les frais de fonctionnement et d’entretien. L’entreprise livre sur le site l’ensemble des éléments de construction accompagné d’un plan de montage, fournit une assistance aux jeunes et contrôle la conformité de la réalisation lors de son achèvement. Les jeunes de la commune, généralement membres d’une association, montent la construction et prennent en charge son fonctionnement au quotidien.

Caractéristiques de l’existant

À Chamalières, les éléments sont livrés le 18 juillet 1975 par le constructeur, une fois réceptionnés les travaux de réalisation du socle. Ceux-ci avaient été confiés à l’architecte clermontois François Yves Bernard qui avait déjà réalisé pour le compte de la Ville de Chamalières le gymnase Pierre Chatrousse puis l’extension de celui-ci.

La Ville voit ainsi aboutir une démarche qu’elle avait engagée en novembre 1970 en faisant acte de candidature auprès de la direction départementale de la Jeunesse et des Sports pour être attributaire d’un tel équipement.

Celui-ci est implanté rue Paul Lapie, sur un terrain en déclivité, englobé dans un coude de la rue, mais à proximité de la piscine municipale, d’un stade et d’un gymnase.

Le mille-club, rebaptisé depuis « Foyer de loisirs et de culture des jeunes de Chamalières », dresse ses deux volumes triangulaires inégaux sur le socle partiellement encastré dans le sol, une passerelle lui offrant une seconde entrée. Il conserve encore aujourd’hui ses toitures pentues revêtues de larges panneaux métalliques, ses fines ossature peintes en rouge et ses panneaux de remplissage en bois foncé.

L’espace intérieur de 156 m² au sol est libre et marqué par la présence des poutres dans la partie supérieure des deux volumes qui s’élèvent selon de grands triangles.

Procédure

La construction est conforme aux normes du début des années 1970, à la quête de légèreté qui marque les années de l’avant premier choc pétrolier avec la faible épaisseur des matériaux isolants et des vitrages ainsi qu’une ventilation par air pulsé, peu efficace en regard des exigences actuelles.

Cependant, les choix constructifs sont assez poussés par rapport au budget alloué à ces constructions : poteaux porteurs en tubes métalliques de section carrée, liaisons horizontales et obliques en bois massif ignifugé, toiture en panneaux sandwich (bac acier galvanisé laqué gris, vide d’air ventilé, mousse formo-phénolique incombustible, contreplaqué ignifugé), panneaux de façade également sandwich (contreplaqué CTBX marine 8 mm protégé par trois couches de Bondex, mousse formo-phénolique de 27 mm,  pare vapeur, contreplaqué de 5mm), plancher en lamellé-collé ou panneaux de particules, fenêtres de forme libre.

Outre sa facilité de montage, le système présente une grande adaptabilité : il est possible de démonter les volumes existants pour les réorganiser, une dimension « Mécano » que semblent ignorer les possesseurs actuels de mille-club ED Kit.

Interventions

Lorsqu’ils n’ont pas été démolis, les ED-Kit ont souvent été revêtus de toitures conventionnelles ou été repeints dans des couleurs peu compatibles avec l’esprit de leurs formes. Celui de Chamalières est demeuré en l’état. L’amélioration de son bilan thermique se pose plus en termes de condamnation des volumes intérieurs inexploités et de rendement du système de chauffage qu’en terme d’accroissement de l’isolation.

©2017 URCAUE Auvergne-Rhône-Alpes