Reconvertir
Centre informatique, Roanne (Loire)

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L’évolution de l’activité centrée autour de l’informatique, hier dédiée aux besoins de l’industrie de l’armement et aujourd’hui aux prestations de service, permet de préserver l’intégrité et l’identité d’un bâtiment. Il est situé au sein d’un arsenal dont l’activité n’a cessé de se contracter au point d’entraîner un vaste plan de mutation de son site combinant démolitions et reconversions de ses multiples bâtiments, halls de fabrication et terrains d’essai des matériels.

 

Descriptif de l’opération

En 1985, est inauguré le nouveau centre informatique, symbole du plan directeur de réhabilitation de l’arsenal de Roanne. À la suite d’un concours, sa conception a été confiée au BEHC, bureau d’études fondé et animé par l’architecte Henri Chomette (1921-1995). Originaire de Saint-Étienne, celui-ci est surtout connu pour avoir exercé son métier durant de longues décennies en Afrique subsaharienne après avoir suivi des études d’architecture dans l’atelier Tony Garnier de l’école des Beaux-arts de Lyon puis dans celui d’Othello Zavaroni à l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.   Durant trente ans, de 1949 à 1979, il déploie son activité dans vingt-trois pays africains où il conçoit de nombreux édifices publics majeurs pour l’État français puis pour les nouveaux pouvoirs publics en Éthiopie, au Bénin, au Burkina Fasso, en Côte d’Ivoire, au Congo et au Sénégal. Il signe également des plans d’urbanisme, des ensembles de logement et des ouvrages d’art. Cette activité en Outre-mer masque son activité en France qui comprend notamment des logements et des ensembles tertiaires. Ce projet marque aussi l’intégration du neveu d’Henri Chomette à l’agence, Pierre Chomette, qui fondera l’agence Chomette- Lupi

 

Intérêt
Ce bâtiment constitue l’un des signes mémoriels forts de l’arsenal de Roanne et de ses transformations successives à partir de sa création en 1917, au fil des évolutions de la conduite des opérations militaires et des matériels que ces dernières nécessitaient. Envisagée sur 1300 hectares, la construction des premières halles de fabrication d’obus mobilise notamment l’entreprise Boussiron et le procédé de construction en béton mis au point par Hennebique. C’est dans l’une d’entre-elle (Verdun)  qu’un demi-siècle plus tard prendra place le premier équipement informatique du site. En partie dédié à la production des différents modèles du char AMX, placé sous la direction du Groupe industriel des armements terrestres (GIAT), le site connait dans les années 1970 et 1980 deux décennies de développement dont le centre informatique constitue l’un des symboles. Il est inauguré cinq ans avant l’annonce du premier des plans sociaux qui ramèneront les effectifs du GIAT de 17 000 (1990) à 3000 personnes (2006) et 860 (2016).

Caractéristiques de l’existant

Inscrit dans un carré, le bâtiment de 3 600 mètres carrés se caractérise par la scansion accélérée de trois de ses façades au moyen de fins poteaux préfabriqués en béton, qui en contrebalancent la longueur (60 mètres). Cette grille vibratile lui donne, de loin, un air de rempart dans lequel disparaissent les allèges, les impostes de brique et les vitrages, dispositif empêchant d’attribuer une fonction aux locaux qu’elle protège. De près en revanche, associé à l’arrondi insufflé aux angles, ce traitement accuse les verticales dans une référence implicite à la légèreté poétique de certaines réalisations d’Oscar Niemeyer… Les arcs, légèrement lancéolés qui relient deux à deux les poteaux, dématérialisent visuellement la la toiture, ce qui contribue à accroître le caractère singulier de cette réalisation, ce qui lui vaudra d’être surnommé « la mosquée ».

D’une écriture radicalement différente, jouant d’une relation mémorielle avec l’histoire des constructions industrielles, la quatrième façade révèle l’existence d’un étage. Derrière ces façades s’établit une couronne de bureaux et de salles, simple ou double ceinturant un grand espace intérieur.

Procédure

Cédé par l’État à la ville, transmis à Roannais agglomération qui envisage sa démolition, le bâtiment est finalement mis en vente en 2015 à un prix cinq fois inférieur à l’estimation qu’en ont fait les Domaines afin d’y maintenir une activité. Deux sociétés liées à l’informatique envisagent de s’y installer : Adista qui implante des Data Center de proximité notamment en région Rhône-Alpes-Auvergne et Avantage Business qui développe des logiciels, propose des espaces de co-working et de formation aux métiers des Data Centers.

 

Interventions
Le changement d’affectation conduit à confirmer la force des points d’entrée au sein de la grille optique constituant la façade, et à réaménager les espaces de travail tout en conservant les éléments d’exception, tel le plafond à caissons de bois exotique.

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